Entretien avec Laurent Charbonnier et Michel Seydoux

Entretien avec Laurent Charbonnier et Michel Seydoux

QUELLE EST CETTE HISTOIRE RACONTÉE AVEC TANT D’ENGAGEMENT ?

« Considéré comme le roi des arbres, le chêne symbolise la puissance et la pérennité : il est l’arbre le plus grand et le plus majestueux de nos forêts de l’hémisphère nord. Pour beaucoup, il est synonyme d’espoir en la vie pour les générations futures. » Un chêne centenaire et son écosystème sont au centre de l’action de ce film. Plus qu’un être vivant végétal, c’est un habitat. Ici, vivent et coopèrent de nombreuses espèces animales, végétales, minérales et mycéliales. 

« Le Chêne », c’est le lieu où l’intrigue de plusieurs personnages s’écrit à travers les saisons. Dans cette monade végétale, tout le monde a son rôle à jouer. Chacun a son espace au sein de l’arbre. En hauteur, le « geai », véritable concierge, alerte tout le monde des dangers. À l’étage inférieur l’écureuil est le boss avéré de l’arbre. Aux sous-sols, les mulots ont failli voir leur terrier englouti par la pluie grêlée d’un violent orage estival. Ils doivent retrouver tous les membres de leur famille avant de faire les réserves de glands pour l’hiver. Les balanins du chêne, minuscules charançons, ont eu moins de chance face à cet aléa météorologique. À leur échelle, ils viennent de vivre le plus terrible tsunami que l’humanité n’ait jamais connu. D’autres dangers guettent les habitants du « chêne », dans un suspens vertigineux digne de récits hitchcockiens. L’arbre attire, par ses ressources de vie, toutes les convoitises. Le spectateur devient le témoin des histoires remarquables qui se jouent dans et autour du « chêne ». Ainsi, la reproduction doit avoir lieu pour perpétuer les espèces et la biodiversité de cet écosystème. La symphonie des naissances résonnera mais pas sans heurts. « Le chêne » offre la vie à ses congénères, mais il dépend d’eux pour que sa glandée soit prospère. La naissance d’un nouvel arbre résulte d’un équilibre fragile. La vie d’un « gland singulier » avec une « tâche rouge » est proposé comme une mise en abîme du cycle du chêne. Ce gland tacheté, une fois tombé de l’arbre, se mettra-t-il à pourrir, sera-t-il mangé par le sanglier ou dispersé par le geai ? A moins que ce ne soit l’écureuil qui s’occupe de son sort… 

Les histoires du « Chêne » illustrent un spectacle d’une beauté sauvage, comme une lecture inédite des secrets de notre biodiversité, à faire découvrir, connaître et sensibiliser vu sa proximité et sa fragilité.

QUE FONT UN AUTEUR-RÉALISATEUR NATURALISTE PASSIONNÉ ET UN PRODUCTEUR DE CINÉMA CHEVRONNÉ LORSQU’ILS SE CROISENT ?

Eh bien, ils se racontent des histoires ! C’est effectivement la rencontre de destins parallèles, ayant le gout de faire partager leur passion au plus grand nombre, qui permet la réalisation de ce film aujourd’hui. Tous les deux, nous avons une sensibilité particulière pour la Nature. Outre la volonté esthétique qui guide ce projet, c’est essentiellement la volonté éthique de sensibiliser à la sauvegarde de notre patrimoine naturel qui nous unit. Le monde sensoriel et poétique du roi des arbres, est un vecteur idéal et si proche de nous pour raconter des histoires, touchantes, vives et intelligibles, comme le sont toutes les grandes histoires de cinéma. Les arbres, et tout particulièrement le chêne, ont une capacité à désigner, à signifier, voire à exercer une influence en tant que symbole. Et il a fallu une dizaine d’années pour que nous puissions développer cette idée pour aboutir à un projet d’envergure. Ainsi la participation de Michel Fessler à l’écriture du scénario et de Vincent Copéret à l’élaboration du storyboard, nous ont permis de mettre en place un film ambitieux parlant de la Nature.

QUELS-EN SONT LES ASPECTS NARRATIFS ? 

 Il s’agit ici de prendre un propos documentaire et de le raconter avec le savoir-faire narratif et technique des longs métrages de fictions. Il pourrait s’agir d’un « récit naturaliste de cinéma ». Mais peu importe la dénomination ou le genre dans lequel classer ce film, l’intention première est de montrer aux spectateurs quelque chose qu’il n’a jamais vu. L’immense richesse de l’univers de ce grand végétal, nous permet de raconter des histoires qui touchent le spectateur, du plus petit au plus grand. Quelles que soient son origine ou sa conscience écologique, le but est d’être surpris par l’action, l’image et l’histoire de ce chêne. Les peurs, les joies, les relations inter et intraspécifiques qui se trament dans le monde végétal de ce chêne, sont transmises aux spectateurs avec l’envie de s’immerger dans le regard de nos héros. On voit à la place du « mulot » qui risque de se faire écraser par les pattes du sanglier. On fait de la voltige comme le « geai ». On serait presque mouillé par la pluie de la tempête… Appréhender le chêne à travers les trajectoires et les enjeux de ses habitants, comme une « fenêtre sur cour » naturaliste nécessite d’emprunter les codes modernes des tournages du cinéma de fiction. Au-delà des trouvailles des prises de vues naturalistes à la base du propos du scénario, nous avons fait appel aux dernières technologies audiovisuelles (caméras virtuelles en 360 degrés, machinerie, effets spéciaux, etc…). Nous avons aussi innové avec la création de studios macro- vidéographiques novateurs et modifié des équipements techniques standardisés, pour aller à la rencontre du monde microscopique et au cœur du vivant.

UN PARTI PRIS SENSORIEL ?

Vous l’aurez compris, en alliant les techniques naturalistes, le savoir-faire du cinéma de fiction et les nouvelles technologies, nous avons choisi le parti-pris de l’innovation et de l’esthétique contemporaine. Ainsi, le son n’a rien à envier aux innovations visuelles, car nous souhaitons que le spectateur soit pris dans une symphonie musicale du début à la fin du film. En effet, il n’y a aucun commentaire vocal. Nous faisons entendre seulement les bruits, cris, signes distinctifs sonores de nos héros, orchestrés dans une composition musicale originale de Cyrille Aufort. Celle-ci participe pleinement à l’immersion complète et sensorielle du spectateur au cœur du chêne et de ses habitants. 

LE CHÊNE et ses habitants : 

Un film d’aventure de Laurent Charbonnier et Michel Seydoux. En salle le 23 Février 2022 

Synopsis : Il était une fois l’histoire d’un chêne, vieux de 210 ans, devenu un pilier en son royaume. Ce film d’aventure spectaculaire rassemble un casting hors du commun : écureuils, balanins, geais, fourmis, mulots…. Tout ce petit monde vibrant, vrombissant et merveilleux scelle sa destinée autour de cet arbre majestueux qui les accueille, les nourrit, les protège de ses racines jusqu’à sa cime. Une ode poétique à la vie où la nature est seule à s’exprimer.


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