Rencontre avec M2O — Une artiste aux frontières du réel
D’où vient votre amour pour l’Art ?
La chance d’avoir eu des parents qui m’ont emmené très tôt dans les Musées, la passion des Marvel, mais aussi l’inquiétante étrangeté des BD d’Enki Bilal, la poésie, et plus largement encore le cinéma de science fiction… En bref, ma grande curiosité pour tout ce qui donne à réfléchir !
En quelques mots, quel est votre parcours ?
J’ai suivi 5 années d’étude post bac : après les Beaux Arts de Pau, j’intègre sur concours l’atelier de scénographie, aux Arts Décoratifs de Strasbourg. J’y ai appris l’art de concevoir des décors de scène, pour le théâtre ou l’opéra à partir d’œuvres écrites ou musicales. Aujourd’hui revenue à la 2D, je conserve une certaine dramaturgie théâtrale et laisse l’interprétation à chacun quant à l’histoire de mes créatures, mises en scène et littéralement mises en lumière.
Justement, parlez-nous de ces créatures que vous appelez Freaks…
Oui je les appelle ainsi en me référant aux Freak Show, d’un défilé de monstres de foire dans les cirques du XIXème siècle ; je me délecte des vieux films d’horreur tels que « Freaks », un film des années 30 de Tod Browning et « Elephant Man » de David Lynch dans les années 80.
Je dessine des hybrides issues des mythologies anciennes comme s’ils sortaient de mon laboratoire, de nos jours ; j’imagine l’histoire de leur conception à leur naissance et leur évolution, comme une scientifique, une « bio-artiste » qui étudie ses sujets.
Mes dessins d’esquisses préparatoires sont autant des recherches scientifiques sur les processus de manipulations génétiques et de reproductions que des fœtus en devenir. Dans l’esprit des planches de Leonard de Vinci. Il est aussi important de voir le cheminement de la conception que le résultat de celle-ci. Il est triste de dire qu’une image est finie, elle peut être aboutie certes mais elle peut toujours évoluer, comme nous tous dans nos vies.
Vous voulez toujours savoir comment telle ou telle chose est faite ?
Oui, j’ai toujours été obsédée par les détails techniques, je veux montrer comment ces créatures pourraient être conçues, ici dans mon laboratoire… Petite, je rêvais que les imprimantes 2D existent pour la 3D… C’est désormais possible !
Nous vivons une époque où beaucoup de choses deviennent possibles, comme clôner un être vivant ou imprimer des tissus et des organes ; Il ne s’agit plus de science fiction mais d’une réalité.
Actuellement vous vous concentrez plus sur le dessin, graphite sur papier, pourquoi ?
C’est un médium qui me convient pour avancer rapidement, produire des sujets susceptibles d’être mis en peinture plus tard. C’est une forme artistique trop laissée de côté alors même qu’il est là base de toute création dans différents domaines. Il me permet aussi de conserver le dynamisme des crayonnés, jouer des clairs obscurs avec l’estompage. Un camaïeu de gris enveloppe ainsi mes Freaks d’une onde poétique dans un temps indéfini…
Instagram : @m2o_mimidesoos