A la table d’un collectionneur – Histoire de la porcelaine de Bordeaux

Sotheby’s présente ‘Vase de fleurs’ une œuvre restituée de l’artiste bordelais Odilon Redon

Né en 1840 à Bordeaux, Bertrand Redon, dit ‘Odilon’, passe son enfance et sa jeunesse dans la région bordelaise, avant de partir s’installer Paris en 1864. Là, il fréquente les milieux littéraires et artistiques parisiens et participe aux expositions des Impressionnistes. Grand artiste symboliste, Odilon Redon crée un art original d’une grande sensibilité. Il privilégie d’abord le fusain et la lithographie, avant de laisser la couleur entrer dans ses œuvres, à partir de la fin des années 1880. Rapidement, les collectionneurs ne manquent pas de saisir le talent de cet artiste de grande qualité et, grâce à son marchand Paul Durand-Ruel, ses œuvres rejoignent les musées américains les plus importants. Aujourd’hui, il est présent dans toutes les grandes institutions et collections internationales.

Une œuvre à l’histoire mouvementée

‘Vase de fleurs’ acheté par Georges Levy a pu être restitué, grâce à la participation de Sotheby’s, plus de 70 ans après sa saisie par le régime nazi et il sera vendu à Paris, le 18 juin 2020, au profit d’œuvres caritatives, un heureux épilogue pour cette œuvre à l’histoire mouvementée.

Peint vers 1885-1895, ‘Vase de fleurs’, emblématique de l’art d’Odilon Redon, fut célébré par le critique Marius-Ary Leblond vantait en ces termes : « Il y a autour de toutes les fleurs que Redon fait monter devant nous, portées dans un long vase qui les présente en éventail, qui les détache en fusées ou les éparpille en bouquet de fleurs d’artifice, une sorte de halo de vide très frappant qui donne à l’esprit le petit vertige de l’infini » (Odilon Redon, ‘Le Merveilleux dans la peinture’, Revue illustrée, 20 février 1907, p.156)

Son légitime propriétaire, Georges Lévy, nait en 1897 en Alsace, dans une famille d’industriels. Pendant l’entre-deux guerres il constitue une importante collection d’œuvres impressionnistes, notamment de tableaux de Bonnard, Vuillard, ou encore Odilon Redon. Réfugié à Bordeaux après la défaite de l’armée française en 1940, Georges Lévy met ses œuvres à l’abri dans un coffre de la Société Générale.

Malgré ces précautions, le coffre est ouvert, en 1943, par les autorités allemandes qui en saisissent le contenu. Georges Lévy est bientôt arrêté et emprisonné au camp de Drancy. Il établit un testament nommant le Grand Rabbin Jacob Kaplan (1895-1994), Grand-Croix de la Légion d’honneur et figure de la Résistance, comme légataire universel. Georges Lévy y indique que si les œuvres de sa collection étaient retrouvées, il charge Jacob Kaplan de les vendre au profit d’œuvres caritatives. Georges Lévy est par la suite déporté à Auschwitz où il meurt fin 1943. Jacob Kaplan entreprend dès la fin de la guerre de retrouver les œuvres spoliées de Georges Lévy, une longue bataille qui sera continuée par ses enfants.
Sotheby’s, une maison engagée sur la question des restitutions

‘Vase de fleurs’ a pu être restituée grâce au travail mené par Maître Patrick Klugman et Maître Ivan Terel en coopération avec l’historienne de l’Art spécialiste des restitutions, Emmanuelle Polack, aujourd’hui en poste au Louvre et le département de restitution de Sotheby’s. Après sa restitution en 2018 elle a été exposée à Paris, au Mémorial de la Shoah, dans le cadre de l’exposition ‘Le Marché de l’Art sous l’Occupation’.

Sotheby’s a été la première maison de vente aux enchères internationale à disposer d’un département dédié à la recherche de provenance et à la restitution dès 1997. Outre l’examen de la provenance des œuvres d’art mises en vente, le département restitutions soutient les héritiers des biens volés et leurs conseillers à toutes les étapes du processus, de la recherche initiale à la récupération et à l’exportation. Sotheby’s a ainsi participé activement à un grand nombre de restitutions dont tout récemment celle de cette superbe nature morte.